Emile MOREL
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SAINT-PIERRE-DE-PLESGUEN

Tome I : De l'origine à la Révolution

Chapitre V     :    LES ANCIENNES SEIGNEURIES

Il s'agit ici d'extraits dont le choix a été entièrement personnel.
Ce chapitre, particulièrement riche en informations, fait près de 90 pages du livre.

I. - Les Plesguen, seigneurs de Saint-Pierre-de-Plesguen

Nous avons vu que les seigneurs de Plesguen existaient dans la paroisse au XI ème siècle. Un de leurs ancêtres, qui prit pour nom celui de la paroisse, dût en être le principal, sinon l'unique seigneur.

Comme tout seigneur, il était possesseur d'un fief ou terre dont malheureusement on ne connaît ni le lieu de la résidence, ni la position de la moindre parcelle de sa terre.

Nous savons qu'au Sud du bourg, près et à l'Ouest de la route nationale de Saint-Malo à Rennes et à la limite de la commune, existe le «Pas-de-Plesguen», c'est-à-dire un lieu où les Plesguen passaient fréquemment.

Il existe, d'ailleurs, dans la commune d'autres lieux semblablement dénommés : le pas Guermond, le pas Gautier... et le pas de Coëtquen situé entre les villages de la Motte-Hue et de la Tiolais. Ces « pas » indiquent une direction privilégiée empruntée par le personnage qui suit ce mot.

Ceci nous inciterait à situer l'habitation des Plesguen, soit au-delà du territoire communal, vraisemblablement au lieu-dit Le Leix, en Plesder. On trouve, en effet, ici une motte féodale ; de plus, les bâtiments de ce lieu, encore existants, ont conservé des marques de fortification et il est situé à un carrefour de grands chemins. Soit au bourg de Saint-Pierre-de-Plesguen ; le manoir aurait alors été élevé au Nord de l'église, de l'autre côté du chemin très ancien, de direction Est-Ouest, qui passe le long Nord de l'ancien cimetière.

On trouve là des jardins s'étageant en escalier, entourés d'un grand mur très ancien, en mauvais état. L'ensemble porte aujourd'hui le nom de « la Vallée ». Le manoir aurait existé très près du chemin précité et de l'ancien grand chemin (Nord-Sud) de Saint-Malo à Rennes, aujourd'hui route nationale, à l'extrémité Sud-Ouest des jardins.

La propriété fut vendue et divisée, et le manoir abattu vers le début du XVII ème siècle. Il en reste vraisemblablement une ruine qui consiste en une moitié de porte d'entrée touchant encore le mur des jardins. Elle est située au-devant de la maison Delamotte, ci-après, où existe présentement une forge tenue par M. Francis Touaux.

Cette porte, voûtée, s'ouvrait dans un épais mur qui laisse encore voir les trous dans lesquels avançait le pêne des serrures. Les jambages et la voûte sont en pierre de granit soigneusement travaillé et mouluré. Sur les parties démembrées de la dite propriété, on trouve deux maisons construites à l'Ouest des jardins et qui portent les dates de : 1680 (Delamotte) et 1694 (Jean Faveron).

Nous ne connaissons rien de l'existence de cette famille Plesguen avant et pendant les deux premiers siècles de la féodalité.

Il faut arriver au début du XIII ème siècle pour connaître quelques- uns de ses membres, apprendre qu'elle s'est alliée à de grandes familles régionales et qu'elle a fourni au Duché de Bretagne et au Roi de France de nombreux soldats et capitaines.

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XIII ème SIÈCLE

En effet, lors d'une enquête faite en 1226 pour connaître le nombre des chevaliers dus par l'évêque de Dol à l'ost (l'armée) du duc de Bretagne, nous trouvons pour la première fois « Garinus de Plesguen », c'est-à-dire Garin de Plesguen.

Quelques années plus tard, en 1255, Geoffroi de Plesguen, chevalier, fait une donation au profit de l'abbaye de Beauport située près Paimpol et fondée, en 1202, par Alain comte de Goello. Il cède à cette abbaye un morceau de terre situé dans la paroisse de Bréhat. Le texte de cette donation, en latin, peut être traduit ainsi :

« A tous... Geoffroi, fils d'André de Pleguian, chevalier... qu'il soit connu de tous que, en ce jour, nous accordons d'assigner et de libérer à l'abbaye de la Bienheureuse Marie de Beauport et aux chanoines réguliers qui servent Dieu, là-même, une journée de terre dans la paroisse de Bréhat pour le salut de l'arme de mon père défunt ».

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XIV ème SIÈCLE

Le XIV ème siècle voit en Bretagne la Guerre de Succession au trône ducal (1341-1364) et en France le début de la Guerre de Cent ans (1337-1453). Il fallait des combattants.

Plusieurs membres de la famille Plesguen prennent les armes et combattent vaillamment pour les deux nations. Le premier que nous trouvons sur les champs de bataille est Robert. Il était voisin d'Olivier de Mauny, seigneur de Miniac-Morvan, et d'Eon de Mauny, son frère, ceux-ci cousins de Duguesclin. Robert de Plesguen suivra Duguesclin dans toutes ses campagnes. Il est vraisemblable qu'il l'ait connu dans sa jeunesse et qu'il ait subi son ascendant guerrier.

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Quelques années plus tard, Robert de Plesguen est au siège fameux de Rennes (1356-1357) comme compagnon de Duguesclin ; les Anglais furent contraints de lever le siège. Il est aussi avec Duguesclin à Montmuran, en 1354, quand celui-ci fut fait chevalier avant l'embuscade qu'il tendit à l'Anglais Hugues de Caverly, lequel fut fait prisonnier. Il est encore avec lui sur les landes de Meillac, en 1361, dans un combat contre l'Anglais Felleton qui fut défait avec toute sa troupe. Ce Felleton venait de débarquer à Granville avec trois cents hommes, il se rendait à Bécherel qui était aux mains des Anglais. En passant à Pontorson, dont Duguesclin était gouvemeur, il le défia, disant même qu'il le tenait pour le plus couard capitaine de France, s'il ne sortait d'un trait d'arc hors de sa barrière avec ses forces. Duguesclin releva l'injure. Il ne perdit pas un instant, avertit ses troupes des localités voisines et se porta en toute hâte sur les traces de Felleton qu'il rejoignit le lendemain dans les landes de Meillac, probablement au lieu-dit « la Bataille ». Le combat fut acharné. Felleton fut abattu et ses autres capitaines défaits ; le surplus de la troupe fut emmené prisonnier à Pontorson. Avec Robert de Plesguen étaient, entre autres, présents : Olivier et Eon de Mauny, Rolland de la Chesnais, La Chapelle-Ruflier, Thomas Boutier, etc..., tous seigneurs des environs.

La Guerre de Succession de Bretagne se termine en 1364, mais la Guerre de Cent ans continue en France. Les Plesguen, à l'exemple de Duguesclin, combattent alors pour le Roi de France, mais surtout continuent le combat contre « l'Anglais », l'ennemi commun des Français et des Bretons. Nous trouvons alors, jusqu'à la fin de ce XIV ème siècle, plusieurs membres de la famille Plesguen présents ici et là, dans l'intervalle des combats, notamment à des revues appelées alors « des montres ». Avec eux, nous rencontrons souvent le nom des seigneurs voisins : les Coëtquen, les du Rouvre, les Mainguy, les Mauny... Nous trouvons ainsi :

1370 - 1er janvier . .. . . . . .. .. .... . Guillaume et Perrin de Plesguen
1370 - 1er décembre, à Caen . . . .. . Maures et Perrin.
1371 - 1er mai, à Pontorson . . . . .. . Guillaume. 
1371 - 1er juin, à Bourges . . . . .. ... Guillaume. 
1371 - 1 er août, à Caen . .. . . .. ... Guillaume et Nesmes. I371 
Ier octobre, à Caen . .. . . .. . Guillaume et Nesmes. 
1374 - Ier juin, à Brest .. . . .. . . .. . Rolland. 
1374 - 15 octobre, à Saint-Lô . . .. . Henry. 1377
1er juillet, à Couches (bastide) Nemet. 
1380 - 2 février, à Dol . .. .. . . .. . Guillaume.
1380 - 1er avril, à Dol . . .. . . .. .. . Guillaume, Nesmes et Jean. 
1380 - 1er juin, à Doul (Dol) . .. .. . Jean et Nesmes. 
ler décembre 1380 à 1er mars 1381, à la garde de la place de Dol, nous voyons Guillaume, Jean et Nesmes. 
1392 - 3 juillet, au Mans . . . . . . .. . Guillaume.

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XV ème SIÈCLE

L'année 1410 voit, à nouveau, un mariage dans la famille Plesguen.

Bertrand de la Moussaye, fils de Guillaume, sieur de Carcouët (paroisse de Plestan), de la Villeauléon, de la Roblinais (paroisse de Bourseul), de la Manglais, du Bois-Riou, vicomte de Saint-Denoual, sieur de Langourian, de Saint-Gueltas, et de Jeanne Maimbier, échanson du duc Arthur III, épouse en premières noces Françoise de Plesguen (Archives Ille-et-Vilaine, 2 F.1.14). Au milieu de ce siècle, une nouvelle alliance réunira les deux familles.

Mais un autre mariage a lieu en l4l5.

En effet, Nesmes de Plesguen, sieur de Touraude (en Baguer- Morvan), se marie à Marie de Lanvallay, riche héritière, fille de Robert, plus connu sous le nom de Robin de Lanvallay, chevalier, sieur de Tressaint et de Clère-Fontaine, et de Marguerite Toumemine.

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Revenons maintenant à nos hommes d'armes. Nous les trouvons, comme toujours, dans les revues ou montres où ils ont été convoqués.

1413 - Un extrait de compte du Trésorier des guerres concerne Pierre de Plesguen.

1415 - Le 10 décembre, à une montre à Paris, on trouve Nesmes de Plesguen. Il s'est marié cette même année.

1464 - Le 19 janvier, à La Guerche, on trouve Pierre.

1464 - Du 16 octobre au 1er janvier 1465, sont à la garde de la ville de Clisson : Alain et Pierre.

1472 - A une montre à Saint-Malo, on trouve Pierre. Il est indiqué comme habitant la paroisse de Dingé.

1498 - Un extrait de compte, Trésorier des guerres. Dans une troupe, nous rencontrons Jehan de Plesguen, sous l'autorité de Jacques Guibé, chevalier, capitaine de Fougères.

Dans cette liste, il y a deux Plesguen du nom de Pierre que nous trouvons, l'un en 1413 et l'autre en 1464. Il est hautement probable qu'il ne s'agit pas de la même personne, mais de deux individus appartenant à deux générations successives. C'est d'ailleurs ce qui fait la difficulté pour essayer de tenter une généalogie de la famille. On retrouve les mêmes prénoms à des dates différentes, mais sans qu'on puisse avoir la moindre précision sur leur filiation.

Nous arrivons tout de même, en cette fin du XV" siècle, à une époque où la famille est mieux connue et à partir de laquelle nous pourrons fixer la filiation des derniers descendants connus.

XVI ème SIÈCLE

Par M. Dugenet, demeurant à Saint-Brieuc, et qui nous a dit être un descendant de la famille Plesguen par les de la Haye, nous avons recueilli quelques précisions sur cette famille pour la seconde moitié du XV ème siècle et le XVI ème siècle. Nous l'en remercions bien vivement.

D'après lui, Pierre de Plesguen, dont il vient d'être question, aurait épousé Denise de Vaucouleurs et il vivait au Plessis-au-Chat, en Dingé, en 1450. Une famille Vaucouleurs existait bien à Dingé, elle possédait la seigneurie de la Ville-André.

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II. - Seigneurie de Châteauneuf

Sous l'Ancien Régime, la seigneurie de Châteauneuf était très puissante et relevait directement du Duc de Bretagne, puis du Roy de France après le mariage de la Duchesse Anne.

Elle était fort étendue, allant du Nord au Sud, depuis Saint-Malo (exclu) à Saint-Domineuc, et de l'Est à l'Ouest, depuis la seigneurie de Combourg et le régaire de l'évêque de Dol jusqu'à la Rance, englobant cinquante paroisses (Terrier de Châteauneuf).

Tous les nobles qui possédaient des terres sur son territoire étaient vassaux du seigneur de Châteauneuf. Pour Saint-Pierre-de- Plesguen, il y avait, je pense, une exception ; une petite portion de son territoire, à l'Est, relevait en effet de l'abbaye royale du Tronchet.

La seigneurie de Châteauneuf comportait deux régions distinctes, tout au moins de nom. Au Nord, à partir de Châteauneuf, c'était le « Clos-Poulet » ; au Sud de Châteauneuf, c'était le « Clos-Rathel ».

En Saint-Pierre-de-Plesguen, elle possédait un domaine proche ou réservé consistant, d'après M. Guillotin de Corson, en la partie de la forêt du Mesnil située sur son territoire, le manoir des Chapelles et deux fermes situées dans la forêt: les grandes et petites Barbées. Ces deux fermes sont actuellement retournées à l'état de nature.

Elle y possédait aussi deux bailliages dénommés le Haut-Plessix et les Métails. De plus, relevaient d'elle en proche-fief les bailliages ci-après (Terrier du début du XVIII* siècle) :

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Aujourd'hui (1975), le château est en ruine ; on ne trouve plus qu'une ferme.

III. - Abbaye royale du Tronchet

L'abbaye bénédictine du Tronchet, congrégation de Saint-Maur, était non seulement un centre religieux, mais aussi une seigneurie possédant des terres et des vassaux.

C'est à ce dernier titre qu'elle intervient dans l'histoire de notre commune dont certaines terres, situées dans la partie Nord-Est de son territoire, en relevaient.

Nous allons d'abord rappeler les possessions et droits, connus par nous, de cette abbaye sur Saint-Pierre-de-Plesguen et ensuite nous dirons quelques mots sur son histoire.

POSSESSIONS, DROITS ET CHARGES

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HISTORIQUE DE L'ABBAYE

L'abbaye du Tronchet fut fondée par Alain, fils de Jourdan, sénéchal de Dol, dans la première moitié du XIV ème siècle. Le pape Alexandre III fonda alors, sous le vocable de Notre-Dame, un couvent pour quatre religieux de l'abbaye de Tyron, près Chartres, qui lui envoya ses premiers abbés.

« Elle devint importante. A un moment donné, nous dit l'abbé Brebel (« Histoire de Pleudihen >), elle eut un abbé mitré. Elle fut favorisée par les rois d'Angleterre et de France, par les évêques de Dol, par les seigneurs de Combourg, Coëtquen, Dinan, Plouer, Plesguen, par les de Rochefort, maîtres de Châteauneuf. Elle posséda des biens à Saint-Pierre-de-Plesguen, Miniac-Morvan, Pleudihen, Plouer, Dinan et surtout Plerguer. Outre les prieurés de Saint-Pétreux et de la Barre, de Saint.Colomban et la Mare en Miniac-Morvan, de Roz-Landrieux..., elle détenait dans son voisinage des métairies, des étangs et des moulins, et plusieurs journaux de taillis et de haute futaie. »

En particulier, nous voyons, en 1221, Olivier de Coëtquen lui donner la totalité de ses dîmes de Plesguen. En 1298, Philippe Barbe et Honorate, son épouse, lui vendent une dîme qu'ils possèdent en Saint-Pierre-de-Plesguen.

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IV. - Seigneurie de Coëtquen

La seigneurie de Coëtquen est très ancienne. Son chef-lieu a toujours existé sur le territoire de Saint-Hélen, aux environs du village actuel de Coëtquen.

La motte d'origine existe encore dans la forêt du même nom, au Sud du ruisseau qui forme limite de communes avec Saint-Pierre- de-Plesguen et face au village du Pas-Mainguy situé dans cette dernière commune, vers 1440, le seigneur de Coëtquen construisit un château féodal, actuellement en ruines, auprès duquel nous trouvons le sus-dit village de Coëtquen.

Le mot Coëtquen a jusqu'ici été pris avec le sens de «bois blanc». Mais si l'on s'en rapporte à l'étymologie qui nous a été donnée pour Plesguen, sa signification serait plutôt «forêt en friches», c'est-à-dire un lieu boisé avec des clairières non cultivées, ni boisées. Ceci paraît plus acceptable que de rapporter le mot « guen », qui signifie « blanc », à la couleur de l'écorce de certains arbres, car la grande majorité des essences que l'on y trouve ont leur écorce plutôt foncée.

Le centre administratif de cette seigneurie, représenté par son château, était donc en Saint-Hélen, mais celle-ci possédait des terres en Saint-Pierre-de-Plesguen et elle prétendait même posséder des droits honorifiques dans son église.

Elle aurait hérité du Duc de Bretagne les droits de patronage et les prééminences dans cette église, mais le seigneur du Rouvre les lui a toujours contestés. Un long procès en résulta, que nous rappelons dans un chapitre spécial de cette étude (voir «Eglise », chapitre V).

Les terres qu'elle possédait en Plesguen étaient, pour la plus grande part, situées au Nord-Ouest de la commune.

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HISTORIQUE

Les seigneurs de Coëtquen étaient très puissants et ils ont eu à remplir de hautes fonctions. Nous ferons, en conséquence, une étude assez détaillée de cette famille (7).

(7) Voir l'étude de M. l'abbé Brebel dans l'Histoire de Pleudihen.

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LES LÉGENDES DE COÉTQUEN

L'importante et très puissante famille de Coëtquen a fourni prétexte à des oeuvres de pure imagination. Dans la région environnante, tout le monde a lu ou connaît l'existence de « Patira» et du « Trésor de l'abbaye », romans de Raoul de Navery, pseudonyme qui cache le nom du véritable auteur. Celui-ci serait soit Marie de Saffray, née aux environs de Ploërmel, soit Mlle Richard de Combourg.

Aujourd'hui (1975), une troupe théâtrale joue en été, dans la cour du vieux château, un texte tiré de « Patira ».

V. - La seigneurie du Rouvre

La seigneurie du Rouvre est territorialement l'une des plus importantes de Saint-Pierre-de-Plesguen. Elle est située au Sud-Est du territoire communal.

Le château, centre de la seigneurie, est situé en rive Ouest du ruisseau dit le Meneuc où existe un verdoyant vallon boisé qui a permis l'aménagement de deux étangs successifs, dont la digue les séparant crée, devant le château, une calme perspective vers le bois voisin.

Le domaine réservé de la seigneurie comprend le château du Rouvre et ses dépendances : jardins, potager, colombier, le tout enclos de murs. En dehors, bois de haute futaie, métairie avec prairies, vergers, cultures, rabines d'accès. La chapelle a été construite en 1660 à l'entrée Sud du château.

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Pendant les guerres de la Ligue, Jacquemine du Rouvre prit le parti du duc de Mercoeur et vint s'abriter à Dinan, dans l'une des principales places fortes tenues par celui-ci. En 1592, elle écrit au capitaine ligueur Saint-Laurent, dit d'Avaugour, pour le prier de débarrasser son manoir des « aventuriers » qui s'y étaient installés malgré elle. Saint-Laurent accepta et s'acquitta fort bien de cette mission. Le Rouvre fut évacué, mais il fut aussi pillé et incendié. Ces actions dévastatrices furent mises sur le compte du sieur Duloup, sieur de la Bordière en Saint-Pierre-de-Plesguen, lequel d'ailleurs fut arrêté et conduit à Rennes où il resta quelque temps.

La demeure du Rouvre resta alors longtemps à l'état de ruine. Ce n'était plus, en 1656 et 1691, que « d'anciennes mazières avec quantité de pierres et matériaux amassés entre deux cours circuitées de murailles avec des douves à l'entour ». C'est à cette époque que la seigneurie passa entre les mains de Jacques Séré (Guillotin de Corson).

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Saturnin-Hercule du Bourblanc, né le 25 novembre 1739 à Squifflec, était le fils de Pierre-Alexandre-Gabriel du Bourblanc, comte du Guernel, et de Marie-Anne-Charlotte de Boiséon. Il épousa en premières noces, le 13 juillet 1766, Anne le Roux de Coëtando, et en secondes noces, le 7 mars 1773, Adélaïde-Marie-Louise Le Cardinal de Kernier.

Il fut reçu, en 1762, conseiller au Parlement de Bretagne à Rennes. Il prit parti dans l'affaire La Chalotais; il fut arrêté et conduit à la Bastille en 1766 (Procès La Chalotais, 1. 195 - Kerviller).

Les Parlements furent dissous en 1771. Les membres des nouveaux furent nommés et rétribués par le Roi ; ils n'étaient plus propriétaires de leur charge.

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La propriété du Rouvre passa alors à son fils aîné issu de son premier mariage : Saturnin-François-Alexandre, comte du Bourblanc, né à Rennes le 19 août 1776. Il émigra en 1792, fit partie de l'armée de Condé avec son père et suivit celui-ci à Jersey. Il prit part à l'expédition de Quiberon où il fut blessé, mais parvint à gagner Londres. Chef de bataillon, il devint plus tard, en 1815, sous-préfet de Dinan (Odorici, « Recherches sur Dinan », page 408). Gentilhomme de la maison du roi en 1829, il fut nommé préfet de la Sarthe. Il reçut la Légion d'Honneur. En 1830, il se retira dans sa propriété du Rouvre. Il fut président du Comité légitimiste d'Ille-et-Vilaine en 1848.

Il avait épousé Angèle du Pont de Gourville. Il mourut à Rennes le 19 décembre 1849.

Leur fils, Saturnin-Henri, comte du Bourblanc (1811-1883), marié à Adèle Le Métayer de Lorgerie (1812-1891), recueillit la propriété du Rouvre. Celle-ci passa ensuite à Saturnin, comte du Bourblanc (1842-1908), fils des précédents, qui épousa Thérèse Artur de la Villarmois (1854-1909).

La propriété du Rouvre passa ensuite à Pierre du Bourblanc, fils des précédents, qui épousa Inès de Trédicini de Saint-Séverin, née le 3 mars 1885 à Lyon et décédée tout récemment, le 12 décembre 1975. Pierre du Bourblanc devint maire de Saint- Pierre-de-Plesguen après la guerre 1914-1918 jusqu'à sa mort survenue à Saint-Pierre-de-Plesguen le 11 mars 1931.

La propriété du Rouvre appartient présentement à leur fille, Madame de Gouyon, qui a eu de son mariage un fils, Jean-Christian, né à Dinan le 22 juillet 1948.

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VI. -  Seigneurie de la Jéhardiére ou Jéardière

La seigneurie de la Jéardière, qui ressort de la grande seigneurie de Châteauneuf, avait son siège à la « grande Jéardiére » où existait la maison principale d'habitation et une métairie. L'ensemble constituait, sans doute, la partie du domaine réservé par le seigneur. Actuellement, il n'existe plus qu'une femme.

Les terres de la seigneurie étaient situées principalement en Plesguen et elles se prolongeaient, au-delà de la limite Sud du territoire de cette paroisse, sur celle de Pleugueneuc. Enfin, elle possédait encore une sorte d'enclave au village de Pont-Dolay, au Sud de la paroisse de Pleugueneuc.

La seigneurie possédait quelques mouvances nobles en Plesguen. D'abord la « petite Jéardière », sise à une centaine de mètres de la « grande Jéardière », Clairette à trois cents mètres et la Chapelais à environ mille cinq cents mètres vers le Nord. En chaque lieu, il n'y a plus aujourd'hui qu'une ferme.

D'autre part, les terres afféagées à des tenanciers et payant un cens, constituaient la totalité des villages de la Ville-Gicquel, la Chambre, la Touche et le Paillé, et une partie des villages des Champs-Rouaux, de la Bachouaye et de Roche-Blanche, et enfin Pont-Dolay en Pleugueneuc.

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La ferme de la petite Jéardière est acquise, suivant acte du 4 octobre 1910, par M. Gustave Berthelot, époux de Mme Marie Desportes. L'un de ses enfants, Gustave, en est actuellement le propriétaire ; sa veuve et ses enfants y habitent et l'exploitent. Sur la cheminée du grenier de l'ancienne maison principale sont gravées les armoiries d'un ancien propriétaire dont nous n'avons pu déterminer le nom.

VII - La Sauvagère (grande et petite)

La Sauvagère, ancienne seigneurie dont nous ne connaissons pas l'origine, est située au Sud et à environ 1200 ml du bourg de Saint-Pierre-de-Plesguen et à 500 ml environ à l'Est de la route nationale actuelle de Saint-Malo à Rennes. Elle se trouve au milieu des bois, d'où son nom.

Elle avait droit de basse et de moyenne justice.

Ses terres étaient situées, pour la plus grande partie, en Saint-Pierre-de-Plesguen et, pour une moindre part, en Pleugueneuc.

Nous ne connaissons pas les possesseurs avant 1513.

A la réformation de 1513, la Sauvagère appartenait à Rolland Geffroy qui la possédait encore en 1542 (aveu à Rieux en 1542).

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Nous allons examiner maintenant chacune des deux parties.

A. - LA SAUVAGÉRE-FERRON

Elle a recueilli les droits seigneuriaux, notamment le droit de basse et moyenne justice.

Par son mariage (1559) avec Françoise de Saint-Cyre, fille aînée de Guy de Saint-Cyre, sénéchal de Dinan, et de Françoise Hingant, seigneur et dame des Bourilles et de la Sauvagère, Bertrand Ferron devint possesseur de la Sauvagère. Ils eurent onze enfants (9).

Après le décès de Françoise de Saint-Cyre, son mari se remaria, par contrat du 31 août 1593, à Louise Botherel de la Ville-Geffroy, fille de François et de Jeanne Turpin de Kerstrat. Ils eurent trois enfants.

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Actuellement, les propriétaires sont Mme Jacqueline Salle, épouse de M. Michel Lucas, demeurant à Cherbourg.

Dans le bois dit de la Sauvagère, on trouvera aujourd'hui, en sus des bâtiments clos de l'ancienne seigneurie, deux propriétés construites tout récemment :

- l'une appartient à Maître Blancard, notaire à Saint-Pierre- de-Plesguen ;

 - l'autre appartient à M. Amard.

B. - LA SAUVAGÉRE-HAMON

Elle se signale par un manoir renaissance, bien conservé, qui a dû être construit par les nouveaux propriétaires, une fois le démembrement de la seigneurie réalisé en droit.

C'est aujourd'hui l'habitation du propriétaire exploitant.

Construite à l'Ouest de la Sauvagère-Ferron, elle est ainsi située entre elle et la route nationale actuelle de Saint-Malo à Rennes. L'allée, qui conduit directement du manoir à la route nationale, n'est pas d'origine. Autrefois, en effet, le chemin desservant à la fois les deux Sauvagères partait du bourg de Saint-Pierre-de-Plesguen et passait immédiatement au derrière Est de la Sauvagère-Hamon. Il continuait ensuite sur Pleugueneuc, en direction du Leix, par un chemin qui subsiste. Il atteignait bientôt le grand chemin venant de Dinan qui, d'après des actes anciens, se dirigeait vers Bazouges- la-Pérouse.

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Actuellement, ce sont leurs descendants qui y habitent et exploitent les terres : M. Chesnel à la petite Sauvagère et M. Robidou au Bois-Hamon.

VIII. - La Chesnais-au-Porc

La Chesnais-au-Porc est une seigneurie d'ancienneté certaine, située à l'extrémité Nord-Est de la commune de Plesder.

Si nous en parlons ici, c'est que, sous l'Ancien Régime, la seigneurie s'étendait également sur le territoire de Saint-Pierre-de- Plesguen. De plus, ses droits de juridiction s'exerçaient au bourg de cette commune. Elle y avait encore un enfeu dans l'église et non dans celle de Plesder.

La maison principale est située à l'Ouest du ruisseau sortant de l'étang (c'est la propriété actuellement à usage de ferme) et au Nord de l'ancien chemin de Saint-Pierre-de-Plesguen à Dinan qui traversait ensuite la forêt de Coëtquen, puis se dirigeait vers le village du Mézeray en Saint-Solen.

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ENFEUX DANS LES EGLISES

Un tombeau de marbre noir élevé et armoyé de l'écusson des armes de la Chesnais-au-Porc dans l'église des Frères Prêcheurs et Révérends Pères Dominicains de Dinan, avec droit d'enfeu et de sépulture. Deux pierres tombales dans l'église de la paroisse de Saint-Pierre-de-Plesguen, vis-à-vis l'autel Saint-Pierre et au joignant de la balustrade du dit autel; les deux pierres armoyées, l'une à l'écusson des armes des anciens seigneurs de la Chesnais, l'autre du même écusson en alliance, avec les droits de sépulture et enfeu sous les dites pierres tombales, dont les dits sieur et dame Lorin ont pris possession, s'y étant agenouillés et fait leur prière, en présence de noble et discret Messire Louis Boulleuc, recteur de cette paroisse, et de plusieurs autres personnes du lieu...

PRISE DE POSSESSION DU DOMAINE

Dans la visite et prise de possession de tous les domaines et parties de fiefs dépendant de la terre de la Chesnais-au-Porc, les sieur et dame Lorin, accompagnés de deux notaires de la juridiction du marquisat de Châteauneuf et du marquisat de Coëtquen et du sieur Villeblanche, procureur spécial des vendeurs, ont fait ouvrir les portes et fenêtres et clôtures, sont entrés dans tous les appartements du château, dans le colombier où il a été pris des pigeonneaux, moulin à eau, lequel a été mis à moudre, pêche aux étangs où il a été pris du poisson ; ils ont bêché, remué des pierres, coupé et planté des bois, coupé de l'herbe et autre croissance naturelle, ce dont acte a été rapporté au contrat d'acquêt.

AUDIENCE DE JUSTICE

Le mardi 18 août 1878, jour de la tenue à l'audience de la juridiction de la Chesnais-au-Porc, en présence de M. Vincent de la Touche, sénéchal de cette juridiction, et M. Duval, commis greffier, plusieurs notaires et procureurs prêteurs, le sieur Lorin ayant pris siège (après la lecture du contrat d'acquêt de la Chesnais- au-Porc), il est fait évocation de ses vassaux qui, sur l'ordre du sénéchal, le reconnaissent pour leur seigneur. La dite prise de possession fut répétée sur le territoire de l'étendue de chaque fief et bailliage. ***

Après quelques années passées dans le calme de sa propriété de la Chesnais, Pierre Lorin se retira à Avranches où il mourut en 1798 ; sa femme lui survécut jusqu'en 1803.

De leur mariage naquirent deux filles qui se marièrent avec les deux frères Robert. L'un, appelé plus tard l'oncle des Saudrais, marié à Félicité Lorin, n'eut pas d'enfant. L'autre, Pierre-Louis Robert, marié à Gratienne Lorin, devenu négociant et armateur à Saint-Malo, eut six enfants, mais trois moururent jeunes. Les trois autres, dont deux garçons: Jean-Marie (1780) et Félicité ou Féli (1782), étonneront l'Europe, et enfin Marie (1784) qui épousera Ange Blaize de Maisonneuve.

Pierre-Louis Robert, ayant rendu de très grands services à la population bretonne, à une époque de pénurie alimentaire, fut anobli par le Roi Louis XVI, par lettre du 12 mai 1788.

Les deux frères, Jean-Marie et Félicité, héritèrent de la terre de la Chesnais qu'ils possédaient en commun.

Nous ne pouvons mieux faire que de résumer - ce que tout le monde sait - leur vie bien remplie, axée avant tout sur le service à apporter aux humbles, c'est-à-dire au peuple. ***

Les deux frères Lamenais ont immortalisé la Chesnais. L'habitation, construite par Pierre Lorin, est située en plein bois. Le petit étang, à l'Est, réfléchit une lumière mesurée dans un étroit et profond vallon, bordé de grands arbres qui ont poussé entre des rochers. L'un de ces rochers, en rive droite, a été le témoin de bien des pensées de Féli, car il aimait s'y reposer. Pour perpétuer ce souvenir, quelques amis y ont fait sceller son médaillon.

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L'aîné, l'abbé Jean-Marie, nature équilibrée, a rempli des fonctions religieuses parmi les plus élevées de la hiérarchie, refusant à plusieurs reprises d'être «évêque». Il s'est aussi appliqué à promouvoir, en Bretagne, l'instruction des masses et il a créé les «Frères de l'instruction chrétienne de Ploërmel », aidé par l'abbé Deshaies. Il a aussi créé la communauté des Filles de la Providence de Saint-Brieuc.

Le cadet, Féli, également prêtre, mais théologien et philosophe social, avait des idées trop avancées pour son temps ; elles ne pouvaient être acceptées. Il écrivit des ouvrages qui eurent une grosse influence en France et même en Europe. Il fonda un journal, « L'Avenir », avec en épigraphe les deux mots : « Dieu et liberté ». Il y exposa ses doctrines, mais le mot « liberté » fit peur, non seulement en France, mais encore dans les pays voisins. La lecture du journal fut interdite par les évêques. Les gouvernements européens intervinrent auprès du pape qui finalement condamna les doctrines de «L'Avenir» (août 1832). Féli vit alors ses amis se séparer de lui. Les critiques formulées contre lui atteignirent également son frère qui s'en défendit, mais ne fut pas écouté.

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Après la mort des deux frères Lamenais, la Chesnais devint la propriété de leur soeur Marie, mariée (1814) à M. Ange Blaize de Maisonneuve.

Celui-ci fut nommé préfet d'Ille-et-Vilaine par Gambetta, le 6 septembre 1870, en plein désastre militaire, lors du conflit franco-allemand de 1870. Mais il put à peine prendre possession de sa fonction. Il décéda à Rennes, le 14 février 1871, et fut remplacé par décret de Thiers en date du 26 février 1871.

(10) On connaît maintenant les faux du journaliste belge de Potter, qui eurent un effet déterminant sur la décision finale du pape.

Son fils, Hyacinthe Blaize, deviendra le propriétaire de la Chesnais. Il sera maire de Saint-Pierre-de-Plesguen de 1876 à 1886. Il décédera à Tours, le 30 août 1886. Il fut regretté dans la commune où il avait fait construire une école de garçons et une école de filles laïcisées, la première en 1891 et la seconde en 1903. Il était officier d'Académie.

En 1890, la Chesnais est acquise par M. Roger Marvaise, ancien sénateur et ancien député d'Ille-et-Vilaine, qui deviendra à son tour maire de Saint-Pierre-de-Plesguen de 1898 à 1908.

Après lui, la propriété passe au nom de son gendre, M. Henri Mornard, dont une fille, Paule, se mariera à M. Louis Viollet, lequel deviendra propriétaire de la Chesnais.

Mme Viollet, née Paule Mornard, est décédée à la Chesnais le 8 septembre 1974, dans sa 82 ème année.

La propriété passera alors à l'un de ses nombreux enfants.

INCIDENTS A LA CHESNAIS APRÈS LA POSE DU MÉDAILLON DE FÉLI

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IX. - Le Pont-Ricoul

La propriété noble du Pont-Ricoul, située à environ deux kilomètres à l'Est du bourg, est très ancienne.

Les bâtiments anciens, maison noble et métairie, entourés d'un mur, sont situés en bordure Nord du très ancien chemin public reliant directement Lanhélin, à l'Est, au bourg de Saint-Pierre-de- Plesguen et se continuant vers l'Ouest en direction de Dinan, par la forêt de Coëtquen.

Le premier propriétaire du lieu fut, sans doute, un « Ricoul ». Il dut aménager, comme c'était l'usage, une pièce d'eau avec poissons, alimentée par le ruisseau rassemblant les eaux descendant des hauteurs Sud de la commune, entre la Sauvagère et la Jéardière. Sur la digue de retenue des eaux, il construisit le pont qui porte son nom et qui a servi à dénommer la propriété.

Vers le milieu du XIX ème siècle, le propriétaire d'alors, M. Leguen la Croix, fera construire une villa au Sud du chemin public et à l'Est immédiat de l'étang. Elle est actuellement délaissée.

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En 1801, M. Leguen la Croix avait épousé Marie-Claire Parkins, née à Doullens (Somme) le 24 juin 1781, fille de Georges Parkins et de dame Marie-Barbe Toussey. De ce mariage naîtra:

1. François-Thomas, né le 10 novembre 1802 à Saint-Servan ;

2. Eugène, né en 1813, qui sera ingénieur ;

3. Jeanne-Elisabeth-Désirée, née le 12 septembre 1815 à Saint- Servan, qui épousera Louis-Alexandre Blachier, docteur en médecine, le 2 décembre 1834 ;

4. une autre fille qui épousera François-Pierre Mondort, lequel deviendra capitaine de frégate et habitera Saint-Servan.

M. Leguen de la Croix a été un véritable corsaire dont nous allons résumer les états de service.

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M. Leguen la Croix, père, est alors bien implanté dans la commune, quoique n'y résidant pas à temps plein. Il va pouvoir s'occuper de ses propriétés : le Pont-Ricoul, la Chapelais et la Touche.

En 1838, il considère que la partie du vieux chemin du bourg de Saint-Pierre-de-Plesguen à Lanhélin, traversant ses terres du Pont-Ricoul, lui appartient. Il s'en ouvre au maire, M. Chauchix François, lequel présente l'affaire à son Conseil Municipal dans la séance du 23 décembre 1838 (registre des délibérations). Il lui demande de décider : 1) Si le chemin est public et appartient à la commune, ou si au contraire il n'est qu'une servitude de tolérance? 2) Le maire peut-il soutenir contre M. Leguen de la Croix, propriétaire du Pont-Ricoul, le procès que celui-ci pourrait intenter à la commune? Sur les douze conseillers municipaux, neuf ont accédé au désir de M. Leguen de la Croix.

En 1844, M. Leguen désire faire un cadeau à la commune. Dans sa lettre du 15 septembre 1844, il propose de donner gratuitement à la commune une horloge (une bonne), de la mettre en place, toutes réparations au beffroi et consolidations nécessaires comprises. L'ancienne horloge étant irréparable. Il fait cette donation à condition que l'inscription ci-après soit posée : « A la mémoire et au bon souvenir de feu dame Hélène Blanchard, veuve Lebreton- Borgner », qui était sa tante. Il y eut accord du Conseil Municipal réuni le 29 septembre 1844. Mais l'Administration exigea que cette donation fut faite dans les formes du code civil. Cette horloge fut fournie par Péral, horloger à Saint-Malo, pour le prix de 1075 F.

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En l'année 1858, l'Empereur Napoléon III et l'Impératrice Eugénie firent un voyage en Bretagne. Prenant à Saint-Malo la route de Rennes, ils firent un arrêt au bourg de Saint-Pierre-de-Plesguen le 19 août 1858. Ils furent accueillis par la population assemblée autour des autorités locales, et notamment du recteur, M, l'abbé Noël, et du maire, M. Leguen de la Croix. Le recteur adressa un compliment aux impériaux visiteurs. Très satisfait par l'accueil reçu, l'Empereur décora de la Croix de la Légion d'Honneur le recteur et le maire (voir le texte du compliment au chapitre des « Maîtres de Poste »).

M. Leguen de la Croix décéda en sa propriété du Pont-Ricoul, le 6 août 1860. Ses obsèques eurent lieu dans l'église de la commune et il fut inhumé dans le vieux cimetière entourant l'église. Ses restes ont été transférés dans le nouveau cimetière.

Sa tombe est fermée par une immense pierre tombale, en granit du pays, sur laquelle on peut lire : « François-Thomas Leguen de la Croix - Légionnaire, médaillé de Sainte-Hélène- Dernier capitaine des Corsaires Malouins, né à Saint-Malo le II août 1779, décédé à Saint-Pierre-de-Plesguen le 6 août 1860, âgé de 81 ans ».

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La propriété est toujours dans la famille Pinault.

LES TEMPLIERS INSTALLÉS AU PONT-RICOUL ?

D'après la tradition, les Templiers auraient possédé un établissement dans un bois proche du Pont-Ricoul.

Rappelons que l'ordre des Templiers, à la fois religieux et militaire, fut fondé en l'an ll18, soit environ un siècle après la première Croisade, pour protéger et défendre les pèlerins qui se rendaient en Terre Sainte et pour veiller à la sécurité des chemins. Il lui fallait donc posséder des maisons le long des chemins empruntés par les pèlerins. L'ordre devint, avec le temps, le banquier des pèlerins. Avant leur départ, ceux-ci faisaient un dépôt dans une de leurs maisons et ils étaient ensuite assurés d'en retrouver la valeur une fois arrivés en Palestine. L'excellente gestion de leurs biens leur permit d'acquérir une grande fortune.

Les Templiers avaient un costume particulier : « Un blanc manteau avec une croix rouge sur le coeur».

M. Garnier (Frère Ange) a écrit ce qui suit dans un manuscrit datant de 1887, au sujet de l'existence éventuelle d'une maison de Templiers dans un bois situé proche de la propriété du Pont-Ricoul.

« Il paraît qu'autrefois, au Pont-Ricoul, existait une abbaye « de Templiers.

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C'est un souvenir un peu semblable que nous rapporte M. Gamier. Il est donc possible que des Templiers aient possédé une maison dans le bois de Pont-Ricoul.

X. - La Bordière (puis la Cocherie)

La Bordière, actuellement simple ferme aux bâtiments récents et sans recherche, est une ancienne propriété noble.

Son nom provient de sa proximité d'une grande voie de circulation, fort ancienne. Celle-ci existe encore et se trouve au Nord du centre de l'exploitation. Il s'agit du chemin allant de la Renardière vers les landes sèches et la route nationale de Rennes à Saint-Malo, le long duquel existait, il n'y a pas encore longtemps, plusieurs croix de pierre de carrefour et dont quelques-unes portaient, sculptée dans la masse, une croix de Malte.

La sortie de la propriété s'effectuait, autrefois, vers cette voie devenue simple chemin rural. Le cadastre de 1827 nous le rappelle en lui donnant le nom de « Vieille cour de la rabine ». Aujourd'hui, la sortie se dirige vers le Sud pour arriver à la route moderne du bourg de Saint-Pierre-de-Plesguen à Lanhélin par la Renardière et la Cocherie.

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De nombreux travaux d'agrandissement et d'amélioration furent effectués par M. Collibaut, et surtout par sa fille, et continués par les propriétaires actuels. Présentement, la propriété est bien close, les bâtiments sont spacieux et en bon état. Ils sont entourés de jardins: potager et d'agrément, l'ensemble forme une résidence agréable.

Elle sert surtout de résidence d'été où les membres de la famille Pinczon sont heureux de se retrouver pour profiter du calme de la campagne, dans une région boisée et à l'orée de la belle forêt du Mesnil.

XI. - Le Tertre-Guy en Tressé

L'ancienne maison noble du Tertre-Guy est située sur la commune de Tressé, en bordure de celle de Saint-Pierre-de-Plesguen.

Ses propriétaires successifs, notamment les Ferron et les de Bien, dont les descendants étaient fort nombreux, ont vécu, côte à côte, pendant des siècles. Les uns à Tressé, au Tertre-Guy ; les autres à Plesguen, à la Ville-Milcent. Leurs intérêts familiaux et matériels étaient mélangés ; ils sont même devenus, dans une certaine mesure, communs.

Nous ne pensons donc mieux faire que de joindre, dans notre étude, cette terre à celles de Saint-Pierre-de-Plesguen.

Le Tertre-Guy est une très ancienne propriété noble. Elle est bâtie sur un tertre, en bordure d'un vallon profond où coule la rivière le Meneuc venant de l'étang du Rouvre et faisant, à cet endroit, la limite entre les deux communes de Tressé et de Saint- Pierre-de-Plesguen.

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En effet, nous voyons dans un acte notarié du 20 octobre 1781 que «noble homme François Yris, sieur de la Brochetière, et demoiselle Claire Debien, son épouse, ensemble demeurant à leur maison du Tertre-Guy, paroisse de Tressé... reconnaissent devoir à honorable homme Julien Duclos, marchand boucher, demeurant au village du Vaujual, paroisse de Saint-Pierre-de-Plesguen, la somme de 685 livres 16 sols (qui leur avait été prêtée à leur besoin et nécessité).., et rembourser au dit Duclos, aussi en bonne espèce de monnaie ayant cours de ce jour et non en billet de banque... tout au plus tard, savoir la moitié le 20 novembre prochain et l'autre moitié le jour le jeudi du déliège prochain en 1782... ».

(Comme on le voit, on n'avait guère confiance dans les billets de banque. Le déliège est une des foires annuelles bien connues à Dinan.)

A la Révolution, les maisons et terres du Tertre-Guy appartenaient alors à divers propriétaires, sans que nous puissions démêler aujourd'hui ce que chacun possédait.

M. Henri Maingard, qui était maire de Tressé en 1792, le redevient le 22 prairial an IX (1801).

Il existe d'ailleurs, à ce moment, un trou dans l'état civil de la commune de Tressé qui ne permet pas de suivre les propriétaires successifs. On sait seulement que des Yris existent toujours; que l'un d'eux a épousé Madeleine Piednoir, décédée au Tertre-Guy le 27 janvier 1791. Il existe aussi un Jean Piednoir et un Guillaume Leprince marié à Marie Yris.

A la confection du cadastre de la commune (non daté), les propriétaires sont nombreux.

- Le moulin du Tertre-Guy appartient à Brindejonc, meunier, qui l'aurait acquis le 8 juillet 1857 de Auguste Lesage, meunier, et Anne Lecoeur, son épouse.

La veuve de Brindejonc, née Briand, l'aurait vendu, par acte du 30 mars 1895, aux deux frères mineurs Jean et Yves de Cargouet de Rauléon, domiciliés à Versailles, savoir:

1. le moulin à eau, avec la maison d'habitation, la machinerie ;

2, la digue ou chaussée de l'étang ; la parcelle de terre où est l'étang, un petit bois taillis à l'Ouest de la rivière ;

3. le lit d'écoulement du moulin, une parcelle de terre en jardin et pâture. Contenance totale : deux hectares neuf ares.

- Les terres et les maisons: la plus grande partie est au nom de M. Dubois, rentier à Saint-Malo. Le surplus appartient à divers propriétaires : Loisel, Chenot, Bourgeaut, Piednoir, Pinsard.

Dans la suite, nous connaissons comme propriétaires les noms ci-après : M. Haouisée de la Villeaucourt, à Ploubalay, puis en 1907, par succession : du Vicomte de Cheffontaine Raymond, veuf de Louise-Anne-Marie de la Villeaucomte, demeurant au château du Bois-Martin en Saint-Père-Marc-en-Poulet.

Par acte du 5 août 1933, celui-ci a vendu ce qu'il possédait à Mme veuve François Dibou, de Saint-Pierre-de-Plesguen. La ferme est toujours en la possession de cette famille. 

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