Emile MOREL
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SAINT-PIERRE-DE-PLESGUEN

Tome I : De l'origine à la Révolution

Chapitre IV     :   DU XIV ème SIÈCLE A LA RÉVOLUTION

Il s'agit ici d'extraits dont le choix a été entièrement personnel donc subjectif.
*** : là où du texte a été supprimé

Nous allons donner, dans ce qui suit, un certain nombre de renseignements qui n'ont pu prendre place dans les études spéciales réunies par nature de faits, et rappeler succinctement quelques faits intéressants déjà connus par ces études.

Au cours du XIV ème siècle, la Bretagne eut à subir la guerre de succession au trône ducal. Guerre fratricide qui dura de I34I à1364 et au cours de laquelle des troupes étrangères, françaises et anglaises, intervinrent, dans des camps opposés, à l'appel des deux partis en présence.

A cette guerre est apparu Du Guesclin qui sera rejoint par des seigneurs de notre paroisse: Plesguen, Le Rouvre, Mainguy,et par un voisin, Coëtquen.

Les soldats étrangers pillèrent le pays et semèrent la désolation sur leur passage.

La Bretagne put se relever. Le règne de Jean V (1399-1442)fut particulièrement paisible, ce qui contribua à amener une certaine prospérité dans la province.

Réformation de 1424

En 1424 eut lieu une réformation de la noblesse, c'est-à-dire une vérification de la qualité de noble. Le registre de cette réformation (archives de Rennes, Bibliothèque universitaire) nous donne pour notre paroisse les noms des seigneurs possesseurs du sol. Ce sont :

1 - Guillaume Guitté2, - Guillaume Salliou3 - Jean Fourez4 - Nesmes de Plesguen5 - Pierre de la Chapelle6 - Henri Salliou7 - Guyon ou Guy du Rouvre8 - Jean de Plesguen

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La fin du duché

La Bretagne était toujours indépendante, mais sous le règne du duc François II (1458-1488) il était évident que le roi de France avait des visées annexionnistes et qu'il cherchait un moyen de la réunir à son royaume.

Vers les années 1475-1476, le duc redoutait donc que les troupes françaises envahissent son duché. Il fit alors mettre certaines places fortes en état de résister.

C'est alors que par mandement du 17 mars 1476 (Dinan, mille ans d'histoire, Monier) il ordonna de mettre en état lesremparts de Dinan. La population des communes environnantes ,notamment celles de la rive gauche de la Rance jusqu'à la mer, futconvoquée à ce travail. Le duc commande « que les habitants des parouesses ci-après déclarées... (viennent)... chacune à son tour etrang (travailler) jusqu'à l'édication... du curement et emparement des dites douves. Savoir, les paroessiens de... Saint-Solain, Tressaint,Pleguen, Saint-Juan--- Lanvalay... Pleugueneuc, Pleder, Pluduhan...etc... ». Tous les habitants étaient requis, quelle que soit leur fonction ou leur profession.

D'autre part, le duc prit la précaution, le 8 février 1486, de faire reconnaître sa fille Anne comme héritière du duché de Bretagne.

François II avait vu juste. Le 28 juillet 1488 eut lieu la bataille de Saint-Aubin-du-Cormier où l'armée bretonne fut vaincue par l'armée française. Le duc ne put survivre à la défaite ; il mourut le9 septembre 1488.

Réformation de 1513

En l'an 1513 eut lieu une nouvelle réformation de la noblesse dont les résultats, pour la paroisse, sont donnés dans le tableau ci-dessous (mêmes sources que pour la réformation de 1424).

L texte n'indique pas les terres possédées par chacun des seigneurs ; toutefois, nous avons pu le compléter pour plusieursd'entre eux.

« Ont été reconnus exempts de fouage en la dite paroisse (sur le rapport fait par Jean Couvel, Jeannot Ganneraye et Pierre duBoye) :

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La fin de ce XVI ème siècle vit les troubles de la Ligue. Le roide France, Henri III, fut assassiné. L'héritier du trône était Henride Navarre, futur Henri IV. Mais celui-ci était le chef des protestants et la majorité des Français était de religion catholique. Ceux-ci ne pouvaient donc reconnaître comme roi un prince protestant. Ceci déclencha ce que l'on a appelé les «troubles de la Ligue ».

Nous savons que Henri IV abjura le protestantisme et se fit catholique. Ce qui lui permit de régner.

En Bretagne, la Ligue catholique s'opposait aux partisans de Henri IV. Elle était dirigée par Philippe de Lorraine, duc de Mercoeuret en même temps gouverneur de Bretagne.

La place forte de Dinan, qui était sous son autorité, lui permettait de rayonner et de guerroyer dans les environs. La guerre civile, qui dura jusqu'en 1598, causa bien des misères dans le peuple, et celui de notre paroisse n'en fut pas exempté. Le château du Rouvre fut brûlé par les « royaux». On pense que le sieur de la Bordière fut l'instigateur de l'incendie. La propriétaire, Mlle du Rouvre, qui était ligueuse, alla se mettre à l'abri dans la ville de Dinan.

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A la Rivaudais, un écusson sculpté dans une pierre de granit et portant la date de 1603 reproduit les armes des forgerons:enclume, marteau et pince. La pierre est scellée à l'extrémité d'un mur de clôture, bordant le chemin qui traverse ce village. Il existait donc une corporation de cette profession.

Qui dit corporation indique l'existence de nombreux forgerons aux XVI ème et XVII ème siècles dans la paroisse.

Il y avait, évidemment, ceux qui travaillaient pour fabriquer et entretenir l'outillage des métiers habituels de la culture et de l'artisanat. Mais, en plus, des carrières très anciennes existaient dans la paroisse. On les trouvait alors, d'une part, à l'Ouest immédiat de la route nationale actuelle, au Pas-de-Plesguen et, d'autre part, près les villages du Rouvre, des Courtils-Collets et du Rocher-Abraham. Il fallait aussi des forgerons pour entretenir en bon état les divers outils utilisés par les carriers.

De nombreux ouvriers, les «picotoux», travaillaient alors le granit ; leurs descendants continuent encore cette belle profession.

En parcourant le territoire communal, on trouve des maisons d'habitation datées. Il y en a peu avant 1600, mais les XVII ème  et  XVIII ème siècles montrent une période de constructions soignées. Notons que les inscriptions de nos carriers de l'époque sont exécutées avec des lettres en saillie, ce qui indique la qualité professionnelle des ouvriers et leur parfaite connaissance de la structure du granit. Aujourd'hui, les lettres sont tracées en creux, ce qui est plus facile à réaliser et exige une moindre connaissance du matériau.

Pèlerinage à saint Firmin

Le culte de saint Firmin était encore vivant dans la paroisse pendant le XIX ème  siècle.

En plus de la fête patronale de la Saint-Pierre, il se tenait, en effet, une assemblée le troisième dimanche de septembre en l'honneur de saint Firmin, patron en second de l'église. C'était à cette assemblée que les cultivateurs du pays et des environs, surtout ceux qui faisaient le commerce des pommes à cidre, arrêtaient le prix moyen pour l'année suivante (Garnier).

Le registre d'état civil de l'année 1688 nous apprend l'existence,en cette année, d'un pèlerinage à saint Firmin. Le recteur de Plesguen, l'abbé Hamon, baptisa « François Anfray, fils de François et de Jeanne Brisset, de la paroisse de Québriac, le 30 septembre. L'ont tenu sur les fonts, honnêtes gens François Hély et Andrée PouIner ».Il était né pendant ce pèlerinage. Et le recteur ajoute sur le registre :« La dite Brisset, étant venue en voyage à saint Firmin, accoucha à  la Bornière, le jour de saint Firmin ». Il est probable qu'elle avait de la famille dans ce village.

Les épidémies

Autrefois, les populations ne prêtaient guère d'attention à la propreté de leur corps. Aussi l'état sanitaire des collectivités était toujours passablement médiocre.

De plus, les eaux utilisées pour les usages domestiques n'étaient pas toujours potables. Les bonnes sources étaient souvent éloignées des habitations. On creusait alors un trou auprès d'une mare et l'eau puisée était généralement polluée.

Les maladies épidémiques étaient alors fréquentes, atteignant les populations d'un hameau, d'une paroisse entière et même d'une province.

Le Parlement de Bretagne fut obligé, parfois, de prendre des mesures sévères pour enrayer certaines épidémies, notamment lorsde la peste de 1563. En 1606, ordre fut même donné aux paroisses de «désigner un lieu pour y retirer les malades avec défense au peuple d'y fréquenter » (Archives Ille-et-Vilaine).

Dans la paroisse de Saint-Pierre-de-Plesguen nous connaissons, par les registres de l'état civil existants, un certain nombre d'épidémies.

En 1628, une épidémie locale fit de nombreux morts parmi les habitants du Haut-Plessix. « Maladie pestilentielle », indique le registre.

Au XVIII ème siècle, plusieurs épidémies décimèrent la population de la paroisse. En 1741, on enregistra cent quatre-vingt-quinze morts,ce qui est énorme. En 1747, on enregistra cent neuf morts et quatre-vingt-neuf l'année suivante. Le nombre de morts dans les années sans épidémie ne dépassait guère soixante.

En 1759, on trouve quatre-vingt-deux morts ; en 1760, quatre-vingt-deux morts; en 1761, quatre-vingt-neuf morts. En 1777, on trouve quatre-vingt-six morts et en 1779 il y eut cent vingt-sept morts.

En cette année 1779, une grave épidémie dut prendre naissance à Saint-Pierre-de-Plesguen. Elle s'étendit à toute la province. Le Parlement de Bretagne fut obligé d'intervenir. Le 10 octobre 1779,il envoyait l'ordre impératif suivant à toutes les paroisses de la province :

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Les doyennes de la paroisse

L'espérance de vie n'était pas grande aux siècles passés, à  cause surtout des trop nombreux décès d'enfants en bas âge. Il n'yavait pas de foyer jeune où la mort n'ait enlevé au moins un enfant.

Heureusement, quelques enfants possédant une robuste constitution et moins fragiles pouvaient atteindre un âge avancé.

Ainsi, le 4 novembre 1713, fut connu le décès de Jacquemine Gautier, alors âgée d'environ l10 ans. Cette respectable personne est peut-être la doyenne des habitants de la paroisse.

Et l'année précédente, le 13 septembre 1712, décédait Françoise Guéneras, âgée d'environ 100 ans.

En novembre 1724, on trouve encore trois décès de personnes âgées respectivement de 75 ans, 85 ans et 90 ans.

On s'aperçoit que le souffle de l'automne pousse les vieillards vers l'au-delà.

Le mariage inattendu d'un Chateaubriand

Le registre des mariages de l'année 1723 nous apprend qu'un Chateaubriand, de la famille des Chateaubriand, de Combourg, est venu se marier à Saint-Pierre-de-Plesguen.

On lit, en effet, que : « Ecuyer Gilles-Amaury de Chateaubriande et dame Rose-Marie Bézart... ont reçu de nous la bénédiction nuptiale en présence de leurs parents et autres personnes soussignées ce 12 mars 1723. Goupil, recteur».

Ont signé sur le registre de mariage : Marie-Rose Bézart, Gilles-Amaury de Chateaubriand, Françoise du Rocher, Roze Guézille,Louise Lohio, Jeanne Suzanne Guézille, Jan-François de Chateaubriand et Gilles-François de la Motte la Garde.

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La noblesse locale

A partir du début du XVIII ème  siècle, l'état civil nous permet de constater l'existence d'un phénomène très spécial dans la population. La noblesse tend à ne plus se renouveler dans la paroisse.

Il n'y a plus de baptêmes nobles et la jeunesse n'y vit plus. L'état civil n'enregistre plus que le décès des personnes âgées.

On serait, tout d'abord, tenté de mettre le phénomène en rapport direct avec la fréquence des épidémies. On sait que les nobles s'éloignaient, quand ils le pouvaient, des lieux où celles-ci sévissaient et se réfugiaient dans une résidence extérieure, à l'abri de la maladie. M. Grignart, de la Jéardière, nous l'a dit (voir Jéardière).

Mais le phénomène était général. Le rémunérateur commerce maritime, d'autres sources de richesses, comme les textiles, la pèche à la morue, etc..., amenèrent une transformation dans le genre de vie des populations, qui se répercuta surtout et d'abord dans les familles déjà aisées. Celles-ci se rassemblèrent alors dans les villes  où l'habitation était de meilleure qualité qu'à la campagne et où se concentrèrent les manieurs d'affaires. La population des villes croîtra , alimentée en partie par un exode rural (voir Sols et cultures).

A la fin du siècle, seul le seigneur du Rouvre, M, le Comte du Bourblanc, habite et continuera à habiter la paroisse. Ses descendants y sont encore présents.

Les impôts sous l'Ancien Régime au XVIII ème  siècle

On distinguait :

I - La dîme. C'est une ressource destinée au clergé. Elle était assise sur les productions de l'agriculture : blé, avoine, blé noir, le chanvre, le lin.

L'impôt correspondait à une fraction (1/10 à 1/12) du nombre de gerbes rassemblées. C'était ainsi un impôt en nature. Il y avait encore la dîme sur les porcs, les agneaux.

II  - Les impôts publics. Il y en avait de plusieurs sortes :

1. Le fouage. Une paroisse se composait d'un certain nombre de feux ou foyers d'habitation (d'où le nom de fouage) et chacun payait une contribution en rapport avec ses ressources.

2. La capitation ou impôt par tête. Elle était basée sur la richesse de chacun et sur son rang social.

Voici le montant de cet impôt payé par notre paroisse en l'année 1739.

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Quelques renseignements concernant le XVIII ème siècle

tirés des archives de M° Blancard, notaire à Saint-Pierre-de-Plesguen

Nous donnons ci-après la teneur de contrats spéciaux de nature familiale et des renseignements sur les prix et l'équipement d'un cultivateur.

9 octobre 1769 - Reconnaissance de dettes et décharge.

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20 février 1778 - Soutien d'enfant infirme.

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1er avril 1776 - Voici les prix indiqués pour divers objets, animaux et vêtements en usage à la campagne :

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