Emile MOREL
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SAINT-PIERRE-DE-PLESGUEN

Tome I : De l'origine à la Révolution

Chapitre V     :    L'EGLISE

Il s'agit ici d'extraits dont le choix a été entièrement personnel donc subjectif.
*** : là où du texte a été supprimé

L'église de la paroisse a été construite dans l'angle Sud-Est de deux grands chemins fort anciens. Le chemin Est-Ouest venant de Lanhélin à l'Est et se dirigeant vers Dinan à travers la forêt de Coëtquen et le chemin Nord-Sud joignant Saint-Malo, au Nord, àRennes.

Elle est le monument le plus ancien de notre commune et son architecture a été particulièrement soignée.

Elle est datée et nous connaissons, par cette date, les principaux personnages du lieu qui ont pu assister à sa reconstruction.

Pour une bonne part, elle est l'oeuvre de ses habitants: les cultivateurs pour les charrois, les maçons, les autres corps de métiers comme les forgerons, les charpentiers, les couvreurs et surtout les tailleurs de pierre qui, depuis, n'ont cessé de travailler la pierre de la paroisse que l'on trouve un peu partout sur son sol.

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I. - Description de l'église

Le plan de l'église actuelle est une croix latine avec choeurtourné vers l'orient.

Il nous montre une nef unique avec deux chapelles formant transept. Une grande arcade en ogive sépare cette nef du choeur qui lui fait suite, mais avec une largeur moindre. Au côté Nord du  choeur est la tour du clocher, tour massive sur une grande hauteur, de section sensiblement carrée. Au-delà de la tour est la sacristie, dont le mur orient est à l'alignement du chevet droit du choeur.

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La tour du clocher est massive et solidement construite avec de belles pierres de granit de moyen appareil. Elle ressemble plus à un donjon féodal qu'à une tour de clocher du XV ème siècle. On a dû la construire en vue de servir à la fois comme clocher de l'église et comme moyen éventuel de défense des lieux.

A l'intérieur et au niveau du sol de cette tour existe une chapelle séparée du choeur par une grande arcade ogivale et éclairée par une fenêtre, de surface réduite, avec voûte circulaire et partie haute trilobée. L'escalier montant à la tour est à l'entrée, à gauche. Le plafond de cette chapelle est en voûte d'ogives avec clef circulaire ajourée au centre (oculus).

Dans le prolongement du clocher est la sacristie dont le mur orient, où se trouve l'entrée, est à l'alignement du mur du choeur formant chevet. Dans ce dernier a été ouvert une large fenêtre ogivale rayonnant avec verrières à personnages. Cette fenêtre, dont le mauvais état avait nécessité de la masquer par une maçonnerie, fut reconstruite en 1887. La pierre utilisée fut prise à la carrière de Chauffetière en Saint-Pierre-de-Plesguen. Cette reconstruction fut permise par les deux dons de Madame la Comtesse du Bourblancet de Madame et Mademoiselle Collibeaux de la Cocherie. Au cours des travaux, « la date de 1427 fut gravée au haut de la croisée »(archives paroissiales).

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Les deux rampants de ce pignon sont décorés de crochets ; à leur rencontre, au niveau du faîtage, devait exister à l'origine un fleuron ou une croix. A la Révolution, ce motif architectural fut remplacé par un drapeau tricolore en tôle. En 1885, celui-ci était en fort mauvais état; la rouille ne laissait plus apparaître qu'une seule couleur sans signification. Le 9 novembre 1885, M. Blaize, maire de Saint-Pierre-de-Plesguen, le fit disparaître. Il fut « remplacé par un beau coq doré qui était précédemment au haut du clocher »(registre paroissial).

Depuis, ce coq, ou l'un de ses descendants, a réussi à retrouver l'usage de ses ailes et il s'est envolé pour reprendre son ancienne place au haut du clocher, veillant alors sur toute la gent ailée des environs. Mais la place qu'il a définitivement quittée est toujours vide et attend quelqu'un ou quelque chose ! Faites-y poser une croix de granit, Monsieur le Maire ; il y a assez d'excellents« picotoux > dans la commune pour la tailler et la mettre en place !

A gauche de la porte d'entrée de cette façade Ouest, près le contrefort d'angle, un bénitier a été scellé dans la maçonnerie. Ilest là pour nous rappeler qu'on ne peut franchir le seuil du sanctuaire sans être pur. Au début du christianisme, les fidèles devaient se laver les mains et le visage, en signe de purification, avant d'entrer dans le lieu saint. Actuellement, les bénitiers sont toujours posés près de l'entrée, mais à l'intérieur des églises.

Après avoir effectué le tour de l'église, pénétrons à l'intérieur. L'impression d'ensemble est celle de nudité.

On remarque immédiatement, à la croisée du transept, un autel out neuf, en granit clair. C'est une grande dalle rectangulaire reposant sur un socle circulaire, du même matériau, par quatre petits piliers de granit. C'est l'autel actuellement utilisé pour les cérémonies du culte; il a été consacré le 3 octobre 1971 par Mgr Bonnelière, représentant le Cardinal Gouyon retenu au synode de Rome.

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FONTS BAPTISMAUX

«Depuis près d'un siècle, les fonts baptismaux étaient placés sous la tour, sous un immense baldaquin qui remplissait presqu'entièrement cette chapelle fermée à l'entrée par une porte et une grande grille en bois qui la séparait du reste de l'église. Lieu de désordre pendant les offices... Les réparations de la tour couverte à neuf et l'ascension des cloches (nouvelles) ayant nécessité l'enlèvement de cette grille et la disparition du baldaquin... Les fonts baptismaux ont été installés au fond de la chapelle de la Sainte-Vierge...>(registre paroissial, 22 septembre 1885).

II. Le clocher . Les cloches

La tour du clocher, construite sur plan rectangulaire, est en maçonnerie de moyen appareil de nature granitique. Ses dimensions sont approximativement en plan: 8 m X 7 m, avec des murs d'environ un mètre d'épaisseur- Sa hauteur est d'environ 12 m.

Un escalier à vis (ou à colimaçon) en pierre dessert les trois étages de cette tour. Le premier étage est vide ; le second étage est partiellement occupé par l'horloge ; le troisième étage est occupé par les cloches.

Une charpente en bois couvre le tout. Partant d'une base rectangulaire, sa pyramide passe à une section octogonale; une girouette, constituée par un coq en métal, termine sa pointe. La couverture est en ardoises.

Les renseignements que nous donnons ci-après pour les cloches proviennent de M. Garnier qui a eu la bonne fortune d'être présent à la mise en place des dites cloches en 1885 et qui a laissé la description de chacune d'elles.

Il y aurait quatre cloches.

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RENSEIGNEMENTS DIVERS TIRÉS DES ARCHIVES PAROISSIALES

Nous les devons également à M. Garnier (frère Ange) qui a pu les consulter lorsqu'elles existaient encore, aux environs de 1886.

L'inventaire de 1541 nous apprend qu'il existait des armes dans l'église, savoir :

- 2 paires de brigandines (il s'agit de cottes de mailles).- 2 paires de gardebras.- 2 épées, 2 pognarts (poignards) garnis de foureaux.- l hallebarde, 1 arquebuse garnie de ce qui lui faut pour tirer.

Nous apprenons que les thésauriers (trésoriers) de l'église, lors de la fête de Pâques, achetaient du pain pour le donner au peuple et qu'en plus, après la messe, ils « ont donné 23 pots de vin breton » au peuple présent, « comme il est de bonne coutume>.

Les archives de 1739-1887 nous donnent la liste ci-après de divers travaux et fournitures effectués pour l'église :

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III. - Enfeux et pierres tombales

On ne pouvait, autrefois, enterrer les morts en terre non bénite, ni auprès des croix élevées dans la campagne ou le long des grands chemins. Le corps d'un mort devait être inhumé dans le cimetière de sa paroisse.

A partir du XI ème siècle, des inhumations purent être autorisées à l'intérieur des églises.

Les seigneurs de la paroisse firent alors construire des enfeux privilégiés pour recevoir le corps de leurs morts. Les non nobles purent également se faire inhumer dans les églises. Mais seuls les plus fortunés purent en profiter.

En parcourant le registre des décès de la paroisse, on est étonné par le grand nombre de ces inhumations, parfois très rapprochées dans le temps, de sorte que le sol des églises devait être constamment bouleversé.

Ces inhumations, à l'intérieur des églises, furent interdites par arrêt du Parlement de Paris en date du 12 décembre 1754.

Voici les principaux enfeux ayant existé dans notre église :

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Pierres tombales - Il existe dans la partie Est de l'église, près le choeur, un certain nombre de pierres tombales. Quelques-unes sont datées ou donnent le nom du personnage inhumé. Mais les inscriptions ne sont pas toujours lisibles. Nous allons essayer de préciser, autant qu'il se peut, leur appartenance.

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IV. - Chapelles domestiques

Des chapelles particulières ou domestiques existaient autrefois, que fréquentaient les nobles propriétaires ainsi que les habitants du voisinage, surtout ceux qui étaient éloignés de l'église paroissiale. On y célébrait la messe et aussi et surtout, au XVII~ siècle, desmariages.

l. CHAPELLE DU ROUVRE

C'est celle que nous voyons dans l'avenue près l'entrée du château. Elle fut bâtie en 1660 par Jacques Gravé, seigneur du Rouvre et de Launay, mari de Bernadine Seré. On y solennisait autrefois les fêtes de saint Laurent et de la Toussaint (Garnier).Restaurée en 1874.

La famille Dubourblanc y a transféré les restes des membres de la famille décédés dans la commune.

On y a célébré quelques mariages, notamment :

10 juillet 1663 : Raoul Vermet et Julienne (?).27 janvier 1665 : François Madre et Gillette Couesnon.11 septembre 1689 : N. H. Jacques-Louis Peronne et demoiselleFrançoise Recullaux, après bannies faites à la cathédrale de Saint-Malo.

2. CHAPELLE DE LA SAUVAGÉRE-FERRON

Il s'agit d'un oratoire aménagé dans un des bâtiments de lapropriété noble de la Sauvagère-Ferron. Plusieurs mariages y ont été célébrés, dont :

1633 : nobles gens Abel Thibaut et Jeanne Ferron.3 mars 1636 : Gilles Blanchart et Mathurine Madre.14 février 1640 : Jean Pinson et demoiselle Louise Ferron.27 juillet 1655 : Julien Gillet et demoiselle Renée Ferron.12 janvier 1657: Thomas Alix, de Plesder, et Servanne duBalet.

3. CHAPELLE DES CHAPELLES

Cette chapelle existait encore au milieu du XVIII ème siècle, dans le champ de la Chapelle, en bordure Est de l'ancien chemin dit de Dol et en face des bâtiments de la propriété noble des Chapelles. Détruite ou abandonnée, son emplacement, matérialisé par un pavage en brique, a été retrouvé il y a quelques années.

Elle a dû être construite par un des propriétaires nobles du lieu. On y a également célébré plusieurs mariages, dont :

17 septembre 1633 : Julien Pépin et Julienne Guiot.29 novembre 1636 : René Cornouaille et Anne Le Bouteiller.10 juillet 1655 : Malo Letourneux et Charlotte Picot qui habitaient la propriété de la Cocherie.1656 : Richart Duval et Guillemette Guillebois.

V. - Administration des paroisses de l'Ancien RégimeLe Général

Sous l'Ancien Régime, les paroisses étaient administrées par une assemblée appelée le « Général » du fait qu'à l'origine il comprenait l'ensemble des paroissiens.

Au XVII ème siècle, cette assemblée fut réduite à quelques notables seulement. Le Général comprend alors, avec le recteur, le sénéchal et le procureur fiscal qui sont membres de droit, douze paroissiens notables qui sont choisis parmi les anciens trésoriers appelés « délibérants » et enfin deux trésoriers en exercice ou marguiliers. Il n'y avait pas d'élection.

Les réunions du Général avaient lieu dans l'église ou sous le chapitret ; finalement, les réunions eurent lieu dans la sacristie. Les délibérations devaient être inscrites dans un registre à conserver précieusement.

Ses attributions étaient fort nombreuses. Il traitait toutes les affaires que connaissent aujourd'hui le Conseil municipal, le Conseil paroissial et le Bureau de bienfaisance de nos communes. Il était, de plus, l'exécutant de tous les ordres donnés par les autorités provinciales ou seigneuriales (corvées des grands chemins, liste des jeunes à incorporer dans la Milice, réquisitions, etc...).

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VI. - Les légendes de l'église

On croit communément dans la commune que l'église actuelle correspond, au moins dans ses parties les plus anciennes, à la première église qui ait jamais existé à Saint-Pierre-de-Plesguen. On se base, pour affirmer cette proposition, sur la tradition qui a été résumée dans ce qu'on appelle les « Légendes de l'église ».

On ne sait rien, évidemment, de l'origine de celles-ci, ni quand, ni comment elles sont nées. Elles sont certainement très anciennes. Elles ont été transmises de génération en génération et acceptées comme une vérité acquise. Cependant, on peut se demander si elles ont une valeur historique.

C'est pour éclairer cette question et tenter ensuite d'y répondre que nous avons recherché et analysé un certain nombre de documents et aussi examiné attentivement la plus ancienne partie du gros oeuvre de l'église. Les arguments que nous apportons àl'appui de nos conclusions ne paraîtront peut-être pas convaincants à quelques-uns. Mais notre étude aura précisé bien des points et elle leur permettra au moins d'y voir un peu clair dans ces légendes très anciennes dont il n'est pas toujours facile de comprendre le sens exact.

Avant de nous engager dans l'étude des documents, nous croyons nécessaire de donner tout d'abord la substance de ces légendes. Nous prendrons le texte que M. Garnier (frère Ange) a inséré dans sa monographie sur Saint-Pierre-de-Plesguen, restée manuscrite, écrite en 1887.

A - « Selon une tradition locale, Pierre de Dreux, en 1212,« devant livrer une bataille dans les landes voisines du bourg,« craignant pour le résultat, fit voeu de bâtir, s'il était vainqueur,« une église sous le vocable de son saint patron. La victoire« remportée, il voulut exécuter sa promesse.

B - « Pour connaître l'emplacement de l'édifice, il employa un« moyen très original. Il fit charger lourdement un chariot attelé« de deux boeufs et résolut de construire à l'endroit où les boeufs« s'arrêteraient.

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Remarquons, en effet, que près de son extrémité Ouest le mur que nous qualifions de «roman» est percé intérieurement, dans toute sa hauteur, par un conduit de fumée dont le débouché extérieur est visible sous la corniche du toit. L'examen des pierres constituant le parement intérieur du conduit laisse penser que la cheminée a été utilisée.

Pourquoi cette cheminée et à cet emplacement ? C'est qu'autrefois on administrait le baptême par immersion, c'est-à-dire que l'on plongeait le baptisé dans l'eau qu'il fallait alors tiédir quand la température extérieure était trop basse. D'autre part, les fonts baptismaux devaient obligatoirement être situés à l'Ouest dans l'église et à peu de distance de l'entrée. Seuls les baptisés pouvaient entrer dans l'église. La cheminée en question répond bien à ces deux conditions.

Aujourd'hui, on pratique exclusivement le baptême par infusion, c'est-à-dire que l'on verse quelques gouttes d'eau sur la tête du baptisé. Il n'est donc plus besoin de la chauffer.

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Enfin, le mémoire dont nous avons parlé au sujet du long procès Coëtquen-Le Rouvre nous rapporte qu'on a trouvé, on croit dans le cimetière, une pierre tombale du VIII ème siècle. Et M. Garnier nous dit, de son côté, qu'on a trouvé, enfoui dans le cimetière, une pierre bombée au milieu de 1,40 m sur 0,80 m et sur laquelle est sculptée en saillie une croix de style mérovingien. Une autre pierre à peu près semblable, mais brisée en partie, se trouve, toujours d'après M. Garnier, dans la maçonnerie du contrefort Nord reconstruit en 1775. La première pierre existe toujours, mais elle a été transportée à la fontaine Saint-Pierre ; quant à la seconde, nous n'avons pu la repérer dans le contrefort. On voit ainsi que le lieu où sont situés l'église et son vieux cimetière qui l'entoure avait une fonction à caractère religieux bien longtemps avant le début du XIII ème siècle.

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Nous rappellerons que nombreuses sont les légendes concernant l'origine des sanctuaires religieux où interviennent des boeufs, et ces légendes se rapportent à des faits réels ou supposés tels, beaucoup plus anciens que ceux qui sont décrits ici. Souvenons-nous de la légende concernant l'emplacement du premier oratoire bâti par saint Aubert sur le Mont Tombe (Mont Saint-Michel) en l'an 708 et où un taureau volé intervient.

La légende des boeufs de Saint-Pierre-de-Plesguen pourrait donc se rapporter à l'origine même de la constitution de la paroisse, laquelle a évidemment nécessité l'édification d'un premier sanctuaire. Mais alors nous remontons au VII ème siècle au moins.

D'autre part, cette légende des boeufs se suffirait à elle-même si le mot « il », qui y représente le duc Pierre de Dreux, représentât tout autre personnage ayant participé à l'érection de ce premier sanctuaire. Elle est donc dissociable de la première partie ou légende du voeu et de la bataille.

Une nouvelle question se pose à nous. Faut-il lui attribuer la relation directe d'un fait historique ? Ou bien ne vaut-il pas mieux ne voir dans son texte qu'une image - telle une parabole - dont il reste à trouver la signification réelle ? Nous nous rangeons plutôt à cette dernière hypothèse assez courante.

Nous pensons, en effet, que la légende des boeufs préexistait à la légende du voeu et de la bataille, à laquelle elle aura été rattachée en altérant un peu son texte pour mieux l'y ajuster. Malgré cela, on retrouve encore de nos jours le trajet suivi par les boeufs, avec la fontaine et la dure montée vers le sommet de la colline ; l'église est également là, plantée au point le plus élevé et le mieux dégagé vers le Nord, en bordure immédiate du chemin qui subsiste lui aussi.

Il s'agit donc bien d'une légende locale qui aura été créée par un prédicateur sans doute, à une époque assez proche de l'origine de la paroisse.

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La troisième partie de la légende, complément récent et explicatif, nous indique que la fontaine a été aménagée et christianisée. A quelle époque? Nous n'en savons rien, mais elle doit être très ancienne.

Nous signalerons qu'en face, de l'autre côté du chemin parcouru par les boeufs, on trouve dans les quelques champs proches de nombreux débris de tuiles de l'époque gallo-romaine. Un atelier existait donc là et, par suite, des habitants vivaient dans ce lieu au début de l'ère chrétienne.

Il est vraisemblable que la dite fontaine était alors l'objet d'un culte païen et que, comme pour beaucoup d'autres, on a réussi à faire cesser ce culte en y élevant une croix. Aujourd'hui, on voit sur cette croix de granit qui couronne la maçonnerie deux clefs en croix sculptées dans la masse et qui symbolisent le double pouvoir de saint Pierre, premier des apôtres et patron de la paroisse.

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VII. - Les saints patrons de la paroisse

Dans le choeur de notre église, de part et d'autre de l'autel principal, nous voyons deux statues en bois sur leur piédestal adossées au mur du chevet. Ce sont celles des deux saints patrons : saint Pierre est évidemment placé du côté de l'évangile, saint Firmin est du côté de l'épître.

Le premier est contemporain du Christ et le second, né au cours du premier siècle, n'est séparé de lui que par une génération d'hommes. C'est-à-dire que nos ancêtres ont choisi, pour veiller sur la paroisse, parmi les tout premiers saints de la chrétienté, et cette décision ne peut être que très ancienne. On sait qu'au VII ème siècle, saint Pierre était déjà patron de plusieurs églises dans notre région.

Tout le monde connaît saint Pierre. C'est le premier des apôtres, celui qui a été choisi par le Christ pour bâtir son Eglise ;  celui à qui a été donné le double pouvoir d'absoudre et de condamner. Le symbole de ce pouvoir est également bien connu : il est figuré sur la pierre de nos monuments par deux clefs en croix. On le trouve sur les murs de notre église et à la fontaine Saint-Pierre. Peut-être existe-t-il ailleurs ?

Mais combien de paroissiens du XX ème siècle connaissent saint Firmin ? D'où vient-il ? Qui est-il ? Pourquoi est-il devenu le second patron dans notre paroisse? Autant de questions auxquelles les paroissiens d'aujourd'hui seraient bien en peine de répondre. Et pourtant, le culte de ce saint s'est maintenu bien vivant jusqu'à nous. 

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Saint Firmin est né à Pampelune (Espagne), de Firme, sénateur, et de Eugénie, sa femme. Il était l'aîné de trois enfants. Son père se convertit après le passage de saint Saturnin de Toulouse et devint un ardent propagateur de la foi. Il confia Firmin à Honeste, disciple de saint Saturnin, qui résidait déjà à Pampelune, afin de former son coeur et son esprit. Après ses études terminées, il vint à Toulouse pour recevoir l'onction sacerdotale des mains de saint Honorat, successeur de saint Saturnin qui avait été martyrisé. Il avait alors vingt-quatre ans.

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VIII. - Droits honorifiques dans l'église Procès entre les seigneurs de Coëtquen et du Rouvre

Les seigneurs de Coëtquen et du Rouvre, tous deux possesseurs de terres dans la paroisse, ont été en procès pendant environ trois siècles au sujet de leurs droits honorifiques dans l'église.

Le fond de l'affaire n'intéresse plus, mais les faits locaux que ce procès nous fait connaître sont intéressants pour l'histoire de notre commune.

Le dit procès commença au cours du XV ème siècle et il se déroula avec une déconcertante lenteur, puisqu'il n'était pas jugé en 1789.

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IX. - Le presbytère

Il s'agit d'une propriété close de murs dont l'existence est ancienne et qui pourrait avoir été construite par le recteur Tristan de Vendel qui y vivait en 1533. Il était en même temps abbé commendataire de l'abbaye du Tronchet. En effet, une pierre de granit, sculptée à ses armes, a été insérée dans la maçonnerie du porche d'entrée voûté, côté extérieur.

L'ensemble forme un rectangle et les bâtiments sont situés vers l'angle Nord-Est. Le bâtiment d'habitation actuel est assez récent.

Une déclaration du Conseil Municipal du 5 novembre 1865 nous indique que le recteur, dans sa lettre du 7 août 1865, demande la construction d'un nouveau presbytère - maison d'habitation - et la démolition de l'ancien.

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X. . Recteurs et vicaires (curés) de la paroisse

Les renseignements ci-après ont été pris dans la petite monographie de 1887 rédigée par M. Gamier (Frère Ange), instituteur à Saint-Pierre-de-Plesguen.

... suit une liste des recteurs et vicaires de 1515 à 1974

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